Amir Jaziri n’est pas le dernier président de club provisoire ou élu qui s’en va et avoue son impuissance à affronter la réalité. Et le CAB n’est pas le seul club qui vit une situation chaotique et qui affronte un avenir incertain. Pratiquement, tous les clubs ou presque souffrent, ne trouvent plus de comités directeurs et de bailleurs de fonds disponibles. Des dettes à la pelle, une confusion générale, la pression du public, les guerres de clans, et, par-delà tout, l’Etat qui regarde avec impuissance l’effondrement des clubs. Pourquoi en est-on arrivé là ? Tout simplement, parce que le modèle est faux. Les élections ouvertes à tout le monde sans garde-fous, sans tri, sans suivi et sans responsabilisation dans le club même et même par la FTF ont amené n’importe qui : des personnages désignés et parachutés avant le 14 janvier et qui ont profité du vide juridique pour régner, des ‘‘escrocs’’ et des affamés de pouvoir et de notoriété, usant de leurs clubs pour gagner, ainsi que des gens inexpérimentés qui n’ont par le savoir-gérer. Tout cela sur fond de crise financière et une détérioration des revenus, essentiellement de la billetterie et du sponsoring. Résultat : des clubs sans richesses, ni possibilité de créer la richesse, et le tout avec une inflation injustifiée des salaires des joueurs et des entraîneurs. Qui alors sera assez dévoué pour prendre un club à la dérive ? Qui aura la patience et la générosité de payer des dettes et des dus gonflés à des joueurs dont les contrats ont été mal négociés ? Et qui aura la capacité de supporter la pression et les insultes sur les réseaux sociaux de la part de supporters virtuels qui ne déboursent le moindre sou pour leurs clubs ?
On parle de talents rares dans notre championnat. On parle aujourd’hui de présidents de clubs capables de gérer l’ingérable. Le nœud du problème reste financier certes, mais aussi juridique avec ce statut hybride et confus entre associations et sociétés sportives. Du potentiel, il existe dans notre sport, mais faut-il avoir le cadre légal pour creuser et le trouver. Pour cela, il faut des dirigeants courageux et compétents. Une denrée rare franchement.